10 conseils pour bien nourrir les oiseaux en hiver

        
Faut-il nourrir les oiseaux en hiver ? La question est loin d'être tranchée (voir par exemple cet article) tant on ignore les conséquences à moyen et long terme des actions de l'homme sur son environnement... Avec le déclin des populations d'oiseaux depuis plusieurs dizaines d’années on peut toutefois être tenté de les aider dans les périodes difficiles. A condition de s'en tenir à ces périodes où insectes, graines et fruits sont inaccessibles en raison de froid prolongé ou de neige, et de respecter quelques règles... pour ne pas transformer une bonne intention en catastrophe écologique !

10 conseils pour bien nourrir les oiseaux en hiver

1. Ni trop tôt, ni trop tard

Les oiseaux de nos jardins sont avant tout des animaux sauvages. Le nourrissage n’est qu’un appoint nécessaire en période hivernale uniquement, lorsque les insectes et graines viennent à manquer. Dans nos contrées, vous pouvez commencer à partir de mi-novembre, début décembre, lorsque les températures chutent régulièrement sous les 10°C au meilleur de la journée. Ce nourrissage doit absolument s’interrompre dès l’arrivée des beaux jours, donc au plus tard à la fin mars. La poursuite de cette activité est particulièrement néfaste pour l’élevage des jeunes, qui ont quasi-exclusivement besoin d’insectes pour leur croissance.

2. Tous les jours, sans interruption

A partir du moment où vous décidez de nourrir les oiseaux autour de vous, il est indispensable de le faire régulièrement. Les oiseaux vont très rapidement s’habituer à cette source de nourriture, donc délaisser d’autres sites des environs. Si vous arrêtez brusquement, pendant plusieurs jours (par exemple à l’occasion d’un départ en vacances), certains d’entre eux n’arriveront pas à trouver d’autres sources et risquent de mourir.

3. Une table bien dressée

Les mangeoires ont tendance à attirer de fortes concentrations d’oiseaux sur de petits espaces, ce qui n’existe normalement pas dans la nature. Cela favorise la transmission de maladies, certaines pouvant causer leur mort (les oiseaux aussi ont leurs virus et bactéries). Préférez donc plusieurs petits postes de nourrissage plutôt qu’un seul gros. Installez-les en hauteur, à l’abri des prédateurs terrestres (attention notamment aux chats domestiques !) mais aussi aériens (comme l’épervier). Cela peut donc être suspendu à une branche, sur un rebord de fenêtre, sur une table ou autre support en hauteur, etc. L’utilisation de petits supports permet également d’éviter que les oiseaux « marchent dans leur assiette », ce qui limite donc la contamination de la nourriture par les fientes et autres saletés transportées par les pattes.

4. Au menu : graines et graisses végétales

Comme pour nous, une alimentation équilibrée est préférable. Dans l’idéal, fournissez donc plusieurs sources de nourriture, qui attireront davantage d’espèces : des graines comme du tournesol, des cacahuètes (non salées !), du maïs, du blé, du millet... sans oublier des fruits secs (si possible locaux) tels noix, noisettes, amandes (là encore non salées).

Des aliments à base de graisse végétale peuvent être trouvés dans le commerce, comme des pains à base d’huile de colza ou de tournesol. Proscrivez l’huile de palme, mais vous pouvez à l’occasion fournir un peu de graisse animale : suif de bœuf, lard de porc.

Enfin, des fruits (si possible de saison) peuvent aussi être donnés, comme des morceaux de pommes, poires, raisins…

5. Attention, poison !

Il faut absolument proscrire tous les aliments transformés (pain, biscuits sucrés ou salés…) et les aliments d’origine animale (produits laitiers, viande, poisson…). Aucun de ces aliments n’est adapté aux oiseaux de nos jardins ; généralement trop salés, ou contenant des substances potentiellement nocives (sucres, conservateurs…), ils risquent de provoquer de graves troubles métaboliques pouvant conduire à l’affaiblissement et/ou la mort des individus. Pensez aussi à retirer les filets plastiques des boules de graisse vendues dans le commerce, dans lesquels les pattes peuvent s’entortiller !

6. N'oubliez pas la boisson !

Lors de périodes de gel prolongées, les oiseaux n’ont plus accès à l’eau. Pensez à leur en fournir, et à la renouveler plusieurs fois par jour lorsqu’elle gèle. Là encore, l’hygiène doit être impeccable pour éviter la transmission de maladies, fréquentes chez les oiseaux.

7. Trouver la bonne quantité

Ne cherchez pas à nourrir en surabondance : les aliments doivent dans l’idéal être consommés le plus rapidement possible (dans la journée) pour éviter leur détérioration, voire leur contamination. Commencez par de petites quantités, et augmentez progressivement au fil des jours si vous voyez que cela n’est pas suffisant. Dans les périodes de froid intense (neige et gel notamment), vous pouvez nourrir en plus grandes quantités, puisque les autres sources de nourriture (dans l’eau ou dans le sol) sont quasiment inaccessibles.

8. Un nettoyage quotidien

Il est important de nettoyer les mangeoires quotidiennement, à l’eau chaude et au savon. Retirez les éventuelles fientes, les restes de nourriture avant d’en rajouter. Si possible, désinfectez au moins une à deux fois par mois les mangeoires, à l’aide d’un produit respectueux de l’environnement (surtout pas d’eau de Javel !).

Si vous observez un oiseau qui semble blessé ou malade, contactez un centre de soins. Diminuez le nourrissage pour éviter de contaminer les autres individus de votre propriété. Ne le touchez pas directement (mettez des gants !) et ne cherchez pas à le soigner chez vous !

9. D’autres façons de les aider…

  • Favorisez des plantes favorables aux oiseaux : par exemple le lierre qui fleurit très tardivement et fournit ses baies au cœur de l’hiver. Contrairement aux idées reçues, cette plante n’est pas parasite et ne provoque aucun dérangement sur son support, bien au contraire.
  • Lancez-vous dans le compostage. Un tas de compost attire vers de terre, insectes... dont se régaleront entre autres les oiseaux.
  • Creusez une petite mare, ou fournissez un petit abreuvoir/piscine pour aider les animaux, notamment lors des fortes chaleurs et sécheresses.
  • N’utilisez pas de produits chimiques pour l’entretien de votre jardin : insecticides, herbicides, molluscicides. Il existe plein d’autres méthodes, parfois plus efficaces, pour contrôler les indésirables de votre jardin ou votre potager !
  • Ne tondez pas l’herbe sur toute la surface, laissez quelques bandes refuges pour les insectes, source de nourriture pour les oiseaux.
  • Ne taillez pas vos arbres et vos haies entre mars et juillet, vous éviterez ainsi le dérangement de tous les oiseaux qui y ont construit leur nid.

10. Bonnes observations !

Apprenez à reconnaître les oiseaux qui viennent dans vos mangeoires ! Il existe des planches d’aide à la reconnaissance très facile à utiliser comme celle éditée par la LPO pour le comptage des oiseaux de nos jardins (à télécharger en PDF ici). Des opérations de sciences participatives comme BirdLab permettent d'ailleurs de mieux comprendre le comportement des oiseaux à la mangeoire. Des comptages des oiseaux de nos jardins sont également réalisés en partenariat avec la LPO et le Muséum National d'Histoire Naturelle...

Dans tous les cas, ne cherchez pas à approcher, et encore moins à attraper les oiseaux qui viennent se nourrir chez vous. Munissez-vous de jumelles si vous souhaitez les observer, et dérangez-les le moins possible : tout déplacement inutile (fuite) leur coûte de l’énergie et diminue ainsi leurs chances de survie !