
Pourquoi le Parc s’intéresse-t-il aux étangs ?
Les étangs du Perche sont un marqueur fort de l'identité, de l'histoire de notre région. Ils ont autrefois fait sa richesse en alimentant moulins et forges. Il en existe encore plus de 260, avec une surface variant de 0,5 à 27 hectares, mais de 3 hectares en moyenne.
Aujourd’hui, ils constituent une richesse environnementale en accueillant de nombreuses populations de plantes et d’animaux. Mais ils sont toujours des atouts économiques, par la possibilité de les exploiter en pisciculture, et bien sûr en contribuant à l’image touristique de la nature du Perche.
Pourquoi ces étangs ont-ils besoin de travaux ?
L’étang est un milieu façonné par l’homme qui nécessite d’être entretenu régulièrement, faute de quoi il se referme et finit par disparaître. C’est un processus qui peut être plus ou moins rapide, mais à chaque stade, une part de la biodiversité se modifie et s’érode. Beaucoup de propriétaires actuels ont hérité d’étangs très dégradés, sans débouchés économiques, et souvent sans savoir vraiment par où commencer pour les restaurer.
C’est là que le Parc apporte à la fois son expertise, mais aussi des aides financières, en échange d’engagements des propriétaires quant à l’entretien par exemple. Ces étangs sont très souvent en zone Natura 2000, et ont d’ailleurs contribué à ce classement par leur richesse écologique. Or Natura 2000 est précisément un programme européen de conservation visant à concilier biodiversité et activités humaines : c’est un outil parfaitement adapté aux objectifs de chacun.
Combien d‘étangs ont été restaurés depuis 2011 ?
A ce jour, 24 plans d’eau ont été étudiés et 8 ont bénéficié d’aménagements écologiques. Sur les 3 dernières années, cela représente un étang par an, pour un montant total de 108 000 euros de travaux sur des fonds de l’Etat et de l’Europe (FEADER) dans le cadre de Natura 2000. Des financements qui bénéficient au passage à des entreprises locales.
Les travaux consistent à rendre les étangs plus accueillants pour les espèces, à rouvrir ceux envahis par la végétation et à retrouver des ouvrages hydrauliques fonctionnels. Chaque cas est différent, mais avec des types de travaux récurrents : réparation de la digue, réparation de l’ouvrage de vidange, reprofilage de la berge pour rendre son dessin irrégulier et sa pente douce, mise en place d’îlots en faveur des oiseaux, curage, fauche de la végétation, défrichement d’une partie des rives.
Et ces travaux portent-ils leurs fruits ?
Clairement oui ! Les oiseaux sont les premiers témoins de cette reconquête, notamment en diversité d’espèces et en amélioration de la reproduction. Nous avons pu confirmer la reproduction d’oiseaux comme le Fuligule morillon, le Fuligule milouin, la Sarcelle d’hiver ou encore la Grue cendrée qui revient nicher. C’est directement lié aux travaux d’amélioration des habitats comme les zones herbacées des rives, et à la diversification des niches écologiques.
Les botanistes observent aussi le retour d’espèces rares au niveau départemental. Des plantes qu’on n’avait pas revues depuis plusieurs décennies, ou présentes seulement dans quelques stations, notamment des algues vertes très intéressantes de la famille des Characées, qui jouent un rôle écologique très important et témoignent de la bonne qualité de l’eau dans des étangs « rajeunis » par ces travaux.
D’autres étangs vont-ils bénéficier de ces restaurations ?
Le programme continue en effet, tant pour les suivis post-travaux qui apportent de la connaissance à l’ensemble du monde scientifique, que pour les travaux eux-mêmes. Nous avons monté cette année un nouveau contrat pour restaurer un étang qui vient d'être approuvé. La vidange aura lieu à l’automne 2021 et les travaux pourront débuter en 2022. Et nous avons déjà deux projets de contrats pour l’année prochaine avec des propriétaires intéressés.
Au fil de ces 10 ans d’expérience, nous avons acquis une vraie expertise. Nos observations sur les espèces et la façon dont la végétation colonise les îlots nous a par exemple amenés à améliorer nos pratiques. Quelques centimètres de moins sur la hauteur d’un îlot, quelques degrés de pente en moins, cela n’a l’air de rien sous le godet d’une pelleteuse, mais ça change tout !
Quels sont désormais les objectifs du Parc ?
Nous espérons continuer à améliorer ce savoir-faire spécifique. Le recrutement dans l’équipe du Parc d’un botaniste phytosociologue, c’est-à-dire spécialiste des communautés végétales, nous a permis de renforcer notre connaissance des habitats. Les nouvelles technologies nous aident aussi, qu’il s’agisse de l’installation de pièges-photos pour repérer les espèces, de drone volant pour photographier les zones difficilement accessibles ou de bateau-drone pour mesurer par sonar les profondeurs des étangs et l'épaisseur des couches de vase.
Avec l’aide d’une ou d’un stagiaire, nous allons également prochainement étudier des étangs dans un contexte plus large de bassin versant à dominante agricole. Il s’agira d'étudier les facteurs influant la présence des herbiers aquatiques dans les étangs : qualité de l’eau ou de la vase, niveau d'envasement, gestion piscicole, travaux d'entretien effectués, profondeur, etc.
D’autres étangs restent à étudier et restaurer. Le profil idéal d'un étang candidat à ce programme est un étang d’au moins 4 ou 5 ha s’il est situé dans le site Natura 2000 "Forêts et étangs du Perche" dédié aux oiseaux, moins s’il est situé dans un site des Natura 2000 de la Directive Habitats. Les travaux ne doivent pas uniquement concerner la réparation des ouvrages mais constituer un véritable intérêt pour la faune et la flore. Si vous pensez posséder un étang de ce type, n’hésitez pas à contacter le Parc !
Pour aller plus loin
Consultez le document Les étangs du Perche dans la collection Des milieux et des espèces :