Etat des lieux, enjeux, actions à mener… tout sur le nouveau document d’objectifs du site Natura 2000 « Forêts, étangs et tourbières du Haut-Perche »
« Forêts, étangs et tourbières du Haut-Perche » est un site Natura 2000 de 3 670 ha qui s'étend sur les communes ornaises de Charencey, Feings, Le Mage, Longny-les-Villages, Moutiers-au-Perche et Tourouvre-au-Perche.

En 2003, après deux ans de travail et de concertation, le premier document d’objectifs de ce site était validé par le comité de pilotage du site, constitué par les représentants des différentes parties prenantes du site (État, collectivités territoriales, forestiers, chasseurs, naturalistes, pêcheurs, agriculteurs, etc.).

Le document d’objectif est le document qui cadre les actions à mener sur un site Natura 2000.
Il est composé :
  • d’un état des lieux (description, données physiques, diagnostic écologique, diagnostic socioéconomiques),
  • de la définition et de la hiérarchisation des enjeux (les habitats et les espèces Natura 2000 présents)
  • des objectifs retenus pour préserver ces enjeux.
  • des mesures à mettre en œuvre pour y parvenir : études, travaux écologiques, actions de communication, protection, administration et financement, concertation, etc. Cela comprend notamment les cahiers des charges des contrats Natura 2000 (signé entre un propriétaire et l’État, et aujourd’hui la région).
Le temps passant, le document d’objectifs nécessitait une révision pour l’adapter à l’évolution du site, des enjeux, du contexte réglementaire et administratif. Aussi la DRÉAL Normandie a demandé au Parc naturel régional du perche, animateur du site, de lancer cette révision en 2017.

De 2017 à 2020, cela a principalement constitué à mettre à jour et compléter la connaissance sur deux enjeux principaux du site : les habitats naturels (12 habitats Natura 2000 présents) et les chauves-souris (6 espèces Natura 2000 présentes). Pour cela, le parc a attribué deux prestations au bureau d’études Biotope pour les habitats naturels et au groupe mammalogique normand pour les chauves-souris. Ces deux organismes ont prospecté les parcelles autorisées par leurs propriétaires : 1 958 ha pour les habitats, soit 53,4 % du site, et les zones inventoriées couvrent 2 217 ha pour les chauves-souris, soit 61,29 % du site.

Ces études ont permis de mettre à jour les habitats naturels, plantes et chauves-souris présents, de mieux connaitre leur répartition et de définir leur état de conservation. Les zones cartographiées pour les habitats comportent 1 372 ha d’habitats d’intérêt communautaire (70,08%). Six espèces de chauves-souris sont d’intérêt communautaire sur les 18 inventoriées.
 
En 2021 a débuté la mise à jour du diagnostic socio-économique avec une importante concertation (6 groupes de travail) pour décrire les activités sylvicoles, agricoles, cynégétiques, piscicoles, pisciculturales et de loisirs, et caractériser leurs influences positives et négatives sur la préservation des espèces et habitats du site.

Parallèlement, un bilan de l’animation du site de 2003 à 2021 a été rédigé: 16 contrats Natura 2000 déposés sur huit propriétés pour un total de 492 936 € pour entretenir ou restaurer étangs, pelouses, landes, etc. ; trois MAEt (mesures agro-environnementales territorialisées), deux MAEC (mesures agro-environnementales et climatiques), huit évaluations des incidences, sept animations, trois réunions du comité de pilotage, deux stages sur les étangs, des études des chauves-souris, l’initiation de la réserve naturelle régionale de la Clairière forestière de Bresolettes, etc.

En 2021-2022, la compilation des inventaires des prestataires, des donnés du Parc et des partenaires a permis de refondre le diagnostic écologique, en complétant la liste des habitats et espèces Natura 2000 présents et en rédigeant leurs fiches descriptives. Un comité technique rassemblant les membres du comité de pilotage compétents sur les questions écologique a travaillé sur le diagnostic écologique et sur les enjeux. Les enjeux du site ont été définis à partir de ces 16 espèces et 20 habitats naturels, hiérarchisés selon l’importance du site pour leur préservation par rapport aux populations et surfaces régionales. Plus le site accueille une part importante de la population d’une espèce ou de la surface d’un habitat, plus l’enjeu est élevé.

Voici quelques exemples des enjeux les plus élevés pour les habitats, suivis de leur code Natura 2000 entre parenthèses : 
  • Eaux stagnantes à végétation vivace oligotrophique à mésotrophique planitiaire des régions continentales, des Littorelletea uniflorae. (3130-2)
  • Pelouses calcicoles marnicoles atlantiques (7110-1)
  • Végétation des tourbières hautes actives (6210-22)
  • Hêtraies-Chênaies collinéennes à Houx (9120-2)
Et pour les espèces
  • Flûteau nageant (1831)
  • Agrion de Mercure (1044)
  • Grand Rhinolophe (1304)
  • Vertigo de Des Moulins (1016) 

Croisé avec le diagnostic socio-économique, ces enjeux ont permis de définir les objectifs de gestion du site, déclinant quatre objectifs de développement durable (ODD) :
  • ODD1 Mener des actions de restauration et/ou de gestion des habitats et/ou des espèces ayant justifié la désignation du site
  • ODD2 Suivre l'évolution des espèces et/ou habitats ayant justifié la désignation du site
  • ODD3 Sensibiliser/communiquer sur la démarche Natura 2000 et les enjeux de la biodiversité associés
  • ODD4 Animation générale du site Natura 2000 (concertation, contractualisation, veille et bilans)
Voici quelques exemples d'objectifs opérationnels (OO) représentatifs qui découlent des objectis de développement durable : 
  • OO.1G Préserver les habitats naturels et habitats d’espèces forestiers
  • OO.7G Préserver les habitats naturels et habitats d’espèce des milieux agricoles
  • OO.10S Améliorer la connaissance des habitats naturels et habitats d’espèces
  • OO.13C Former les publics scolaires et étudiants
  • OO.15A Assurer la concertation sur le site
  • OO.17A Assurer la prise en compte des enjeux du site
     
Ces objectifs ont été déclinés en actions à mettre en œuvre. Les actions de gestion des milieux naturels sont généralement basées pour les contrats Natura 2000 en cahiers des charges expliquant les travaux à effectuer, les enjeux concernés et les modalités administratives.

Exemple d’actions représentatives
  • A.5G Préserver des arbres morts, sénescents, à cavité
  • A.14G Restaurer et entretenir de manière extensive les zones humides ouvertes
  • A.18G Entretenir et compléter le réseau de mares
  • A.28G Favoriser une gestion extensive des prairies
  • A.30G Préserver, entretenir et restaurer le réseau bocager
  • A.34S Compléter et actualiser la cartographie des habitats naturels
  • A.38S Développer les connaissances des espèces peu suivies
  • A.39C Assurer un programme d’animations
  • A.46C Editer des outils spécifiques pour les professionnels et les propriétaires
  • A.48A Associer partenaires, gestionnaires et propriétaires
  • A.54A Contribuer à la prise en compte des enjeux du site dans les programmes, documents de gestion et projets
  • A.55A Assurer le suivi administratif et financier des demandes de subventions
Les différentes étapes ont été validées lors de six réunions du comité de pilotage, pour finir par la validation du document d’objectifs complet en novembre 2022.

Le Docob a été terminé en 2023 en intégrant les dernières modifications demandées par le comité de pilotage. Il a été approuvé en 2024 par le président de la région Normandie. Il est donc pleinement opérationnel et remplace à présent le premier document d’objectifs de 2023. Il servira de base pour la gestion du site (travaux écologique, contrats Natura 2000, études naturalistes, etc.) et sa protection (évaluation des incidences des projets).
  
Cette révision a été financée dans le cadre de Natura 2000 par des fonds État (37%) et Europe (63% au titre du FEADER, géré par la Région Normandie). Elle s’est déroulée grâce au soutien de la DRÉAL Normandie et l’implication des membres du comité de pilotage.
 
A partir de 2025, deux sites entreront en révision dans le Perche : le grand site Forêts et étangs du Perche, pour les oiseaux, superposé au site Forêt, étangs et tourbières du Haut-Perche, et la carrière de la Mansonnière, dédié aux chauves-souris.
 

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