
Il est un peu plus de minuit. C’est une belle soirée à la Maison du Parc et notamment près de l’étang où, comme chaque soir d’été, les chauves-souris virevoltent à la poursuite d’insectes. Mais ce soir-là, leurs zones de chasse sont barrées par de grands filets tendus par le Groupe Mammalogique Normand (GMN). Les spécialistes vont interrompre quelques minutes le ballet de certaines d’entre elles, pour encore mieux les connaître…
Un atlas régional des mammifères
"Après la parution de deux atlas de répartition des mammifères sauvages de Normandie en 1988 et 2004, le GMN lance un troisième atlas sur la période 2011-2020", expliquent les scientifiques. "Cet état des lieux de la faune mammalienne normande doit permettre de connaître la répartition des espèces de la façon la plus exhaustive possible, de suivre l'évolution des populations, en comparant les résultats obtenus à ceux des deux précédents atlas, et de poser un regard objectif sur l'état des populations afin d’orienter les politiques publiques les concernant."
Parmi les 86 espèces de mammifères sauvages identifiées en Normandie, 21 sont des chiroptères, c’est-à-dire des chauves-souris, ce qui forme le groupe le plus important devant les rongeurs au nombre de 17 espèces, ou les 15 espèces de mammifères marins fréquentant les côtes normandes. 20 espèces de chiroptères sont présentes dans le Perche, dont 18 de ces espèces normandes, auxquelles s’ajoutent 2 espèces présentes uniquement côté eurélien.
Une bonne diversité d’espèces
Si la plupart sont protégées et étudiées au sein de sites Natura 2000 animés par le Parc ou ses partenaires, le secteur autour de la Maison du Parc était moins bien investigué. Les scientifiques du GMN ont donc remédié à cette lacune et ont pu confirmer la présence de pas moins de 8 espèces différentes. "C’est très intéressant pour le site. De nombreuses espèces n'avaient pas été contactées sur le secteur donc cette session nous a permis de répondre pleinement à notre objectif d'amélioration de connaissances en vue de l'atlas", commentent les naturalistes.
Sur les 23 chauves-souris capturées ce soir-là, la Pipistrelle commune était la plus abondante avec 11 individus, suivie par le Murin d'Alcathoë (4), le Murin à moustaches (2), le Murin de Natterer (2), le Murin de Daubenton (1), la Barbastelle d'Europe (1), la Pipistrelle de Kuhl (1) et le Grand Rhinolophe (1). Taille, sexe, âge (évalué à l’usure des dents) ou encore poids sont consignés avant de relâcher l’animal qui peut reprendre sa chasse nocturne aux insectes. Non sans avoir, "à l’insu de son plein gré", contribué à la connaissance et, peut-être, à la sauvegarde de son espèce…
Pour aller plus loin
Consultez le document sur les chiroptères de la collection Milieux et espèces du Perche :