Quand on évoque la préservation de la ressource en eau, le Parc du Perche est plus que jamais en première ligne. C’est un sujet transversal que l’on retrouve en filigrane dans nombre de ses actions comme les mesures agro-écologiques environnementales, les plantations de haies, les zones humides, et plus largement tout ce qui a trait à la biodiversité et à la préservation du patrimoine naturel. Mais depuis 2022, la gestion de cette « ressource eau » est clairement identifiée à travers la Gestion des Milieux Aquatiques (GEMA ) et que le Parc a intégré dans ses compétences fin 2021.
Cette compétence, qui découle de la directive cadre sur l’eau de l’Union Européenne, a été rendue obligatoire pour les communes (en 2014) et pour les intercommunalités (en 2018). Sur le territoire du Parc, cinq communautés de communes ont décidé de faire appel au Parc pour répondre à ces enjeux qui visent à atteindre le « bon état des masses d’eau ».
Un programme d'action pour 3 ans
Ce contrat est un outil opérationnel de l'Agence de l'Eau permettant de coordonner et de financer par l'Agence de l'eau Loire Bretagne, les régions et les départements, les actions des différents maîtres d'ouvrage du territoire œuvrant pour la préservation de la ressource en eau (Fédération et associations de pêche, syndicats d'eau/GEMAPI, ONF, conservatoire des espaces naturels, associations ou groupement pour l'agriculture, communautés de communes...).
Un programme d’actions a ainsi été conçu pour ces trois prochaines années grâce à la mise en place d’un contrat territorial animé par le Parc sur le bassin versant de l’Huisne amont. Pour ce faire, deux agents techniques ont rejoint l’équipe du Parc ces derniers mois. « C’est vraiment une chance pour nous, élus du Parc » explique Daniel Chevée, le maire de Bretoncelles par ailleurs vice-président de la commission locale de l’eau et membre du Comité Syndical du Bassin de la Sarthe. « Augmenter ses effectifs en technicien, c’est compliqué pour les intercommunalités… Alors déléguer cette compétence au Parc ça nous permet déjà d’avoir une ingénierie que nous n’aurions pas à disposition, mais surtout ça nous permet d’avoir une vision centralisée, une vision d’ensemble sur tout le bassin et pas seulement sur le territoire de chaque collectivité » continue-t-il avant d’appuyer « C’est très important car ce que nous faisons ici en amont a un impact sur la qualité de l’eau en aval. Par exemple, l’eau potable de la ville du Mans est prélevée directement dans l’Huisne ».
Quelques exemples d’actions prévues au contrat territorial et qui seront menées par le Parc :
Restauration hydromorphologique des cours d’eau : diversification des habitats par apports en granulats dans le lit des cours d’eau, remettre le cours d’eau dans son lit naturel… Faire en sorte que les sédiments puissent s’écouler « de la source à la mer » et permettre la libre circulation des espèces.
- Animation agricole : sensibiliser sur les stratégies de diminution des intrants, de conservation des sols, d’adaptation au changement climatique (avec les MAEC notamment).
- Plantation de haies anti-érosives (sur talus, perpendiculaires à la pente...) afin de lutter contre l’érosion des sols et donc le colmatage des cours d’eau (qui provoque la non-continuité écologique des cours d’eau)
- Etudes et restauration de zones humides. Les zones humides ont une fonctionnalité épuratrice, et un grand intérêt en termes de biodiversité. Elles sont aussi une des sources d’alimentation des nappes phréatiques.
« Le Parc joue vraiment un rôle moteur sur cette thématique, dans la prise de conscience et la sensibilisation mais aussi dans la conduite de projets, la mise en place d’actions » conclut Daniel Chevée.
Zoom sur le Phytophthora alni
Le Phytophthora alni est un parasite phytopathogène spécifique à l’Aulne glutineux. Il se dissémine d’amont en aval d’un bassin versant, principalement via les cours d’eau. Il infecte l’arbre par les racines au contact de l’eau puis bloque la circulation de la sève en provoquant des nécroses des tissus.Chute d’arbres, embâcles obstruant les cours d’eau, risque d’inondations, érosion des berges, pertes d’habitats… Cette maladie a été identifiée sur le Perche depuis une quinzaine d’années. Sa présence est prise très au sérieux par les élus et les agents du Parc. Dans le cadre de la GEMA, ces derniers mettent en place de nombreuses actions afin de sensibiliser, de communiquer autour de la reconnaissance et de la gestion du pathogène mais aussi sur de la prévention. Ainsi, inciter à nettoyer le matériel après usage, exporter les déchets d'abattage loin du cours d'eau à planter une diversité d’essences permet une meilleure résilience de la ripisylve (ensemble des végétaux du bord de cours d’eau) et contribue donc au bon écoulement écologique, à la bonne santé de la rivière. Une plaquette informative sera prochainement éditée à destination des collectivités mais aussi des particuliers. Des journées terrain seront ensuite proposées pour les collectivités afin de travailler en ce sens.