C’est la première fois qu’une étude de cette ampleur est menée en France : des centaines de prélèvements ont été réalisés par le CNRS en vue de la création du rucher conservatoire d’abeille noire dont la Maison du Parc sera le coeur. Le 23 septembre dernier, le scientifique spécialiste de l’abeille Lionel Garnery est venu en présenter les résultats à Courboyer. Et confirmer la bonne santé de l’abeille noire du Perche, première étape cruciale pour sa préservation.
« Notre laboratoire analyse depuis plus de 20 ans la diversité génétique de l’abeille domestique. Nous avons constaté que les populations françaises d’abeille noire subissent de plus en plus les effets des importations d’abeilles d’autres sous-espèces liées à l’apiculture productiviste. Une partie des pertes observées actuellement pourrait être liée à une mauvaise adaptation des abeilles importées et aux transferts de pathogènes associés à ces mouvements de colonies », explique Lionel Garnery.
Une sous-espèce menacée
Les travaux menés récemment montrent un large recul de la présence de l’abeille locale un peu partout en France, recul accéléré ces 5 dernières années, laissant présumer la disparition de cette abeille locale. Un groupe d’apiculteurs de l’Union Apicole Ornaise s’est donc constitué en Centre d’études techniques apicoles (CETA) et, avec l’aide du Parc, a jeté les bases d’un conservatoire. Car si le Perche semblait posséder encore une abeille noire bien préservée, il restait à la science à confirmer cette impression…
Des échantillons provenant de 350 colonies autour du conservatoire de la Maison du Parc ont ainsi été prélevés et analysés. « En France, comme ailleurs, la biodiversité génétique de l’abeille est structurée selon plusieurs facteurs incluant : l’histoire et la démographie des populations, l’adaptation aux conditions locales, les migrations naturelles, et dans certains cas la durée de leur isolement », poursuit le scientifique.
Des résultats très positifs
Les analyses réalisées aussi bien avec l’ADN mitochondrial qu’avec des marqueurs microsatellites montrent que la population du Perche est à 82,9% une population d’abeille noire locale. « Le niveau d’introgression nucléaire observé actuellement est l’un des plus bas parmi les études que nous avons réalisées à ce jour et peut être considéré comme quasi négligeable », souligne Lionel Garnery.
L’étude conclut ainsi : « La population actuelle du Perche est donc encore suffisamment pure pour qu’elle soit considérée comme une population conservatoire d’abeilles noires. Les travaux de conservation réalisés depuis de nombreuses années par l’équipe du CETA peuvent être considérés comme efficaces et doivent être soutenus du fait de leur importance pour la conservation de cette sous-espèce. »