Découvrir le patrimoine et ses métiers à travers le podcast… C’est la singulière initiative qu’ont mise en place la région Centre-Val de Loire et son service Patrimoine et Inventaire. A travers six épisodes d’une série intitulée TerriStoire, des scientifiques, des professionnels de la conservation, des médiateurs passionnés et des artisans partagent leur passion. « De la cathédrale à la petite cuillère », du « plus modeste au plus prestigieux », une occasion de rentrer dans les coulisses du patrimoine culturel et de suivre sur le terrain les agents de l’inventaire.
Fin novembre, c’est auprès de Florent Maillard, de l’inventaire du patrimoine bâti au sein du Parc, que les micros étaient tendus. Il intervient depuis plusieurs mois sur la commune de Souancé-au-Perche. « C’est un village vraiment très riche en patrimoine. Notamment avec son église paroissiale dont un des vitraux, du 16ème siècle est connu pour être le premier vitrail sur lequel on retrouve une écriture non pas en latin, mais en français » explique-t-il. Château, manoir, fermes… Tout a été passé en revue ou presque, jusqu’aux lavoirs : « Il y en a deux sur la commune dont un particulièrement intéressant. Généralement les lavoirs sont constitués d’un toit unique, là il y en a deux face à face et au centre, une sorte d’atrium, un espace réceptacle pour l’eau ».
Le tipicum et l’unicum
Enregistreur en marche, il raconte son quotidien : « On a plusieurs façons de procéder pour pratiquer un inventaire. Dans le Perche, on mène un inventaire dit topographique : toutes les familles d’édifices (les maisons, fermes, châteaux, manoirs, mairie-école, églises, moulins, lavoirs, puits..) qui composent les campagnes sont prises en compte. On applique la méthode dite de repérage et sélection : tous les bâtiments anciens sont repérés. Parmi eux, on va sélectionner pour l’étude les tipicum et les unicum, comme nous les appelons entre techniciens. C’est-à-dire, à la fois ceux qui sont typiques, comme une ferme qui va pouvoir parler pour toutes les fermes ; et aussi ce qui est unique à l’échelle de la commune telle une église ». En complément de cet inventaire, une évaluation patrimoniale est également menée. Cette méthode dite ERIC, consiste à croiser des critères exceptionnalité, de rareté, d’intégrité et de contexte afin de mesurer l’intérêt patrimonial des édifices. Chaque sélection fera ensuite l’objet d’un dossier individuel d’inventaire qui comprend à la fois un historique, un descriptif, des illustrations (photos, plans ou encore cartes postales, etc.), localisation ou autres données administratives… Et le tout alimentera les bases de données de l’inventaire général du patrimoine culturel de la Région.
Un outil d’aide à la décision
Objectif ? « Nous sommes vraiment sur un travail de connaissance, de mémoire. On recense, on étudie et on valorise les éléments du patrimoine qui présentent un intérêt culturel, historique ou scientifique. Mais cela va plus loin. Ces données alimentent le document de transmission des connaissances, utiles pour sensibiliser les élus qui élaborent les documents d’urbanisme, et pour les bureaux d’études par exemple. Pour eux, l’inventaire du patrimoine est un outil d’aide à la décision. On ne va pas dire ce qu’il faut faire, mais on donne les éléments pour décider ».
Recenser, classer, expliquer le patrimoine… mais la finalité va donc bien au-delà de la simple transmission de connaissance. Sensibiliser les territoires à leur bâti c’est porter un autre regard sur les vieilles pierres, un regard nécessaire sans quoi le travail de sauvegarde architecturale ne pourrait s’effectuer. Et c’est bien sûr le cas dans le Perche. Enduit à la chaux, taille de pierre, tuiles de pays… les chantiers de restauration sont aujourd’hui monnaie courante et c’est tout le milieu des artisans qui en est le bénéficiaire collatéral ; tout comme l’agriculture lorsque que l’on parle d’écoconstruction ou encore le tourisme grâce au « cadre de vie authentique » apporté par ces rénovations.
Une prochaine soirée de restitution
Ce sont ces aspects transversaux que Florent Maillard aime à raccrocher à la Charte du Parc : « Apporter la connaissance pour protéger, valoriser et contribuer à l’aménagement du territoire en respectant les patrimoines ». D’ici quelques semaines, le public pourra s’en convaincre lors d’une soirée de restitution durant laquelle Florent Maillard présentera l’inventaire mené sur la commune de Souancé-au-Perche, un moment important de sensibilisation.
Plus de 20 communes déjà inventoriées
Le poste de l’agent de l’inventaire du patrimoine bâti au Parc est financé par les régions Centre-Val de Loire et Normandie. Jusqu’en 2020, selon les priorités définies par les régions, ce sont surtout les communes rurales qui se situaient aux alentours de bassin de vie, comme ceux de Mortagne-au-Perche, Nogent-le-Rotrou, Thiron-Gardais, Frazé…, qui ont fait l’objet d’inventaires. Depuis 2020, une nouvelle aire a été définie : la Vallée de l’Eure Amont, de Senonches à La Ferté-Vidame, en passant par Longny-les-Villages. Depuis la création du Parc, 24 communes ont fait l’objet d’un inventaire. D’ici quelques semaines, la commune de Souancé-au-Perche viendra donc grossir la liste avec une prochaine restitution publique.Où écouter le podcast ?
Cette série de 7 podcast, réalisée par Sens de la Visite, mettra en valeur plusieurs territoires et plusieurs facettes des métiers du patrimoine : chercheur à l’inventaire, photographe, documentaliste, gestionnaire de base de données... Les premiers épisodes sont d’ores-et-déjà accessibles en ligne sur le portail de la région Centre-Val de Loire : https://inventaire-patrimoine.centre-valdeloire.fr/podcast-terristoire/Le dictionnaire topographique d’Hector de Souancé
Cet inventaire a été l’occasion pour Jean-Jérôme de Souancé de ressortir les archives familiales. L’élu de la commune, très impliqué dans le domaine du patrimoine, a ouvert à l’agent de l’inventaire les pages du dictionnaire topographique du Perche. Ecrit par son aïeul Hector de Souancé, qui était considéré comme l’un des trois plus grands historiens du Perche, cet ouvrage est remarquable a plusieurs titres, par le volume d’informations qu’il contient mais aussi par son mode d’entrée comme l’explique Florent Maillard. « Il compte 60 volumes et chacun d’eux fait entre 200 et 250 pages. On peut rechercher une information par le nom de la commune, mais aussi par le lieu-dit mais encore d’une façon onomastique, c’est-à-dire par noms de famille ». Une véritable richesse qui aura poussé l’agent à réaliser un article scientifique consultable sur le site de la région Centre-Val de Loire : https://inventaire-patrimoine.centre-valdeloire.fr/montdoucet-souance/
Un inventaire, comment ça se passe ?
« On recherche tout d’abord de la documentation : aux archives départementales, auprès des communes, dans les bulletins de sociétés savantes (comme les Cahiers Percherons) ou autres publications diverses… On commence à identifier les sites. Pour compléter, il nous faut ensuite entamer une phase de communication, à commencer notamment auprès de la municipalité. On explique le travail de l’inventaire afin que les élus comprennent mieux ce que l’on cherche à faire. Et souvent, ils nous dirigent vers des personnes ressources. On peut aussi expliquer notre démarche en faisant paraître un article dans la presse locale, car on touche aussi des propriétaires privés. Après, on entame le travail de terrain. On recense. On prend une carte IGN et l’on va partout où il y a du bâti. Aujourd’hui on dispose d’une tablette numérique sur laquelle on affiche une grille de repérage. On fait du porte à porte. C’est un échange à double sens avec les propriétaires. Ils vont nous permettre de regarder l’édifice, de rentrer dedans si besoin. Et on va pouvoir compléter leurs connaissances. Puis on intègre les données dans les bases de données de l’inventaire général du patrimoine culturel. Ce sont les mêmes partout en France, on est aussi là pour conserver la mémoire. Enfin, c’est la restitution, la présentation aux habitants. C’est un moment de sensibilisation important. Généralement, nous l’organisons sous forme de conférence ».
« On recherche tout d’abord de la documentation : aux archives départementales, auprès des communes, dans les bulletins de sociétés savantes (comme les Cahiers Percherons) ou autres publications diverses… On commence à identifier les sites. Pour compléter, il nous faut ensuite entamer une phase de communication, à commencer notamment auprès de la municipalité. On explique le travail de l’inventaire afin que les élus comprennent mieux ce que l’on cherche à faire. Et souvent, ils nous dirigent vers des personnes ressources. On peut aussi expliquer notre démarche en faisant paraître un article dans la presse locale, car on touche aussi des propriétaires privés. Après, on entame le travail de terrain. On recense. On prend une carte IGN et l’on va partout où il y a du bâti. Aujourd’hui on dispose d’une tablette numérique sur laquelle on affiche une grille de repérage. On fait du porte à porte. C’est un échange à double sens avec les propriétaires. Ils vont nous permettre de regarder l’édifice, de rentrer dedans si besoin. Et on va pouvoir compléter leurs connaissances. Puis on intègre les données dans les bases de données de l’inventaire général du patrimoine culturel. Ce sont les mêmes partout en France, on est aussi là pour conserver la mémoire. Enfin, c’est la restitution, la présentation aux habitants. C’est un moment de sensibilisation important. Généralement, nous l’organisons sous forme de conférence ».